Pourquoi j’écris à la première personne ?

Un choix instinctif

J’écris en je.
C’est venu comme ça. Instinctivement.
Je n’ai pas cherché à le contrôler.
Je n’ai pas essayé d’écrire autrement.

Mais très vite, ce choix a soulevé des questions.

Suis-je une écrivaine si je ne crée rien ?

Écrire ma vie, écrire ce que je ressens…
Est-ce suffisant pour être écrivaine ?
Je n’invente rien.
Les personnages que je décris existent.
Je les maquille à peine, pour préserver leur anonymat.
Les situations rapportées sont réelles, elles aussi.

Je témoigne.
À un instant T.
Celui où tout bascule. Où tout m’échappe.
Et dans ce chaos, le je devient le seul repère.
Le seul lieu où je peux encore prétendre à un semblant de contrôle.

L’exigence du « je »

Écrire en je, c’est exigeant.
À condition d’être sincère.
À condition de ne pas tricher.
Dire sa vérité sans masque.
Confesser ses failles sans les travestir.
Est-ce de l’art ou de l’impudeur ?

Quand j’écris, je ne fais que dire ce que tout le monde vit — mais tait.
Je ne noircis pas le trait.
Je ne l’enjolive pas non plus.
Je ne suis ni victime, ni héroïne.
Parfois courageuse, parfois toxique.
J’écris dans le brut. Dans le vrai. Rien n’est parfait. Et je l’assume.

Contre la fiction généralisée

Aujourd’hui, la fiction s’infiltre partout.
Elle façonne nos vies, nos corps, même nos profils.
Je choisis l’inverse.
Je choisis la réalité.
Dans ce qu’elle a de beau… et de cruel.

Ce n’est pas toujours esthétique.
C’est rarement valorisant.
Mais c’est un contrat d’âme.
Avec moi-même.
Avec mes lecteurs.

Je ne vends pas de rêve.
Je ne donne aucune leçon.
Je ne suis pas un modèle.
Je me confie.

Et même si ça ressemble à une confession,
ne vous y trompez pas :
je ne me sens coupable de rien.


Littérature ou nombrilisme ?

Quand j’écris, je parle de moi.
De ma vie. De mes choix.
De mes gestes, de mes pensées, de mes manques.

Est-ce qu’il existe un mode d’écriture plus égocentré que celui-là ?
Probablement pas.

Et pourtant…
C’est en parlant de soi à cœur ouvert
qu’on autorise l’autre à se reconnaître.
À se connecter.

Et finalement —
est-ce que ça ne devrait pas être ça, la littérature ?

Et vous, comment vous sentez- vous en lisant un roman écrit à la première personne, confident ou voyeur ? Laissez-moi un mot…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *