Quand on écrit un genre littéraire qui s’apparente à de la romance, la happy end semble un passage obligé.
Si l’auteur a l’audace de s’en émanciper, il prend le risque de profondément décevoir son lectorat.
Pourtant, la happy end ne serait-elle pas la pire des escroqueries culturelles ?
La Happy End : mythe rassurant ou imposture ?
C’est quoi une happy end ?
Deux êtres qui s’aiment et finissent ensemble ? Des déclarations enflammées dans un décor paradisiaque ? Des promesses pour toujours ?
Les lieux, les mots peuvent évoluer au fil des siècles, mais la fin, elle, reste identique.
En romance, la fin doit être heureuse. C’est même l’objectif ultime, comme si sans ce bonheur indiscutable, l’histoire d’amour n’en était pas une…
Les lectrices de romance — oui, cela reste encore un lectorat très genré — exigent leur happy end.
Même si elles reconnaissent que cette conclusion est souvent totalement déconnectée de la réalité, elles évoquent leur besoin de rêver, leur besoin de croire en un amour idéalisé au-delà de tout bon sens. Cela les encourage, les réconforte, et surtout, cela leur apporte de l’espoir pour leurs propres histoires.
Si cela existe dans les livres, c’est qu’il doit bien y avoir un fond de vérité, non ?
Mais la happy end n’est-elle tout simplement pas une imposture ?
Au point de nous rendre incapables de reconnaître la beauté d’une fin qui ne se conformerait pas aux clichés ?
La Happy End : un héritage de clichés
Ça a commencé dès l’enfance, avec les contes de fées.
Plus tard, avec les dessins animés, puis les séries télé.
Le modèle est bien ficelé : princesse en détresse, prince charmant, obstacles surmontés et, à la fin, un bonheur éternel et sans tache.
Bien sûr, aujourd’hui, les héros et héroïnes ont évolué. On parle plus rarement de princesses et de princes charmants.
Mais si on creuse un peu, les clichés sont toujours là. Seul le contexte change ; le storytelling, lui, reste profondément ancré.
C’est comme si l’on nous avait formatés à ne souhaiter qu’une forme unique de bonheur.
Comme si la seule issue possible pour une romance était une fin standardisée et universelle.
Et après tout, pourquoi pas ?
La noirceur est partout, dans le monde réel.
Quel mal y aurait-il à vouloir se complaire dans un monde où tout finit bien ?
Le problème n’est peut-être pas le rêve… mais la norme.
La Happy End : une définition à réinventer
Peut-on apprendre à reconnaître une fin heureuse qui ne répond pas aux normes inculquées ?
Une happy end ne devrait pas nécessairement se chercher dans une fusion avec l’autre.
Se rencontrer soi-même est parfois la plus belle des fins possibles.
Une happy end pourrait être une fin douloureuse.
Parce que cette douleur serait le reflet de notre évolution.
Parce qu’elle respecterait notre vécu, sans chercher à le réduire à une épreuve vite oubliée dans une pirouette mièvre.
Le principal risque à se réfugier dans un mythe rassurant ou un cliché éculé, c’est de passer à côté de sa propre happy end, pour peu qu’elle diffère de nos rêves.
La Happy End : un aveu
Je suis obligée d’être honnête avec vous : moi aussi, j’aime les happy ends.
Je n’échappe pas à cette envie que les choses finissent bien.
Mais pas n’importe comment.
Toutes les happy ends ne se valent pas.
Certaines fins me révoltent même : celles où l’on nie l’aspect toxique d’une relation sous prétexte d’un couple « mythique ».
La littérature et le cinéma regorgent de ce genre de compromis.
Est-ce vraiment ce genre de rêves que nous devons continuer à nourrir aujourd’hui ?
Alors oui, j’aime les fins heureuses.
Mais pas n’importe lesquelles.
J’aime quand la happy end est la conclusion naturelle d’un récit authentique et sincère.
Un récit où l’amour est intense, imparfait, souvent douloureux… mais profondément ancré dans la réalité.
J’aime quand la happy end n’est pas celle que l’on attendait.
Quand le cliché cède la place à une vérité plus difficile, plus imparfaite — mais une vérité qui peut réellement inspirer et insuffler de l’espoir.
Ma happy end à moi ?
Avoir été capable de surmonter les épreuves… et d’être encore debout pour les partager avec vous, grâce à l’écriture.
Quelle est la vôtre ? Partagez votre définition de la Happy End ..