Dans un univers de performances, où la moindre action, la moindre production fait l’objet d’un jugement critique et – il faut le dire – rarement bienveillant, faire un travail d’« amateur » est clairement une insulte.
Des exigences toujours plus hautes
Le monde du travail attend de nous des compétences solides. Et tout le monde joue le jeu.
LinkedIn regorge de professionnels / experts en tout genre.
Parfois, les compétences sont réelles. Parfois, elles sont « légèrement » enjolivées.
Et ce n’est pas grave parce que, dans le monde professionnel, on valorise plus facilement la vanité que l’authenticité.
Une posture d’expert sera toujours mieux perçue qu’une posture plus humble.
Dans un monde où les réseaux sociaux sont devenus centraux, les apparences sont encore plus importantes.
Le jugement n’émane plus seulement de potentiels employeurs.
Non, sur les réseaux, on est jugé par nos pairs, nos amis, nos enfants…
Un monde de règles et de codes obscurs
Il existe des règles tacites, des codes à respecter.
Les ignorer fait de nous une cible de moquerie qui en paralyse plus d’un dans leur élan.
Les codes évoluent vite. Très vite.
Tenez-vous éloignée du monde du travail quelques années et vous vous apercevrez du fossé qui s’est creusé entre vous et les nouvelles générations. Étourdissant.
La facilité serait d’adhérer à cette idée d’une obsolescence programmée passé un certain âge.
Pourtant, nous sommes nombreux à vouloir tenter de nouvelles choses.
À oser sortir de notre zone de confort.
Expérimenter.
Ça a été mon cas et vous pouvez me croire, c’est tout sauf un long fleuve tranquille (et oui, une réf de boomer… serais-je démasquée ?).
Un passage à l’action
J’ai tenu un journal thérapeutique pendant un burnout et une belle dépression.
Au fil des semaines, ce journal intime est devenu un projet plus grand, plus littéraire.
J’ai longtemps hésité sur ce que je devais faire de ce projet.
Le garder privé ou le publier ?
Je n’osais pas le soumettre en maison d’édition.
Pas par refus du jugement ou de la critique, mais par refus de l’attente.
Je refusais d’attendre qu’une personne extérieure décide pour moi de la légitimité de mon rêve d’écriture.
Fin février 2025, j’ai franchi le pas.
J’ai relu mon manuscrit un nombre incalculable de fois pour traquer les fautes d’orthographe et les coquilles.
J’ai repris la mise en page pour correspondre aux exigences d’un format numérique.
J’ai créé une couverture sur Canva.
J’ai fait tout cela, seule, en n’y connaissant rien.
Quand j’avais une question d’ordre technique, j’interrogeais ChatGPT.
On est devenu très ami.
Le 16 mars 2025, « Sexe, Gorilles et Dépression » était en vente sur Amazon en version numérique.
Je ne me suis pas arrêtée là.
Il fallait bien créer un mouvement autour du roman.
Lui donner une visibilité.
Autodidacte… mais méthodique
Alors je me suis lancée sur les réseaux : TikTok et Instagram.
Impossible de mobiliser mon réseau autour d’un projet si intime – pas par manque de contacts, mais parce que je voulais que ce lancement reste à l’abri du regard des gens qui me connaissent.
Je n’y connaissais rien ou pas grand-chose.
Je me suis fait confiance.
J’ai écouté mon instinct et mes envies.
Je publie quotidiennement.
Je me suis fixée des objectifs précis et mesurables.
J’ai testé.
J’ai mesuré les résultats.
J’ai analysé.
J’ai ajusté.
Je continue à me former.
Et je recommence à chaque série de publications.
En parallèle, j’ai sorti la version « papier » du roman.
Une nouvelle mise en page, une nouvelle couverture.
Quand j’ai reçu le roman finalisé, j’étais terrorisée.
Est-ce que le résultat allait être à la hauteur de mon investissement et de mon travail ?
J’avais peur que mon ouvrage « pue » l’amateurisme.
Je craignais d’avoir honte…
Le livre broché : du rêve à la réalité.
Quand j’ai ouvert le carton, j’ai eu cette phrase :
« Mais ça ressemble à un vrai livre ! »
À la fois surprise et extrêmement fière.
Et la vérité est là : ça ressemble à un vrai livre parce que c’est un vrai livre.
Est-il parfait ? Certainement pas.
Mes résultats sur les réseaux sont-ils fulgurants ? Encore moins.
Je n’ai clairement pas fait le choix de la viralité.
Et j’en suis à l’aise avec ça.
J’ai fait le choix de l’authenticité, de bout en bout du projet.
J’ai fait le choix de faire ce que j’avais envie de faire, de dire ce que j’avais envie de dire.
Sans me soucier de comment cela allait être perçu.
La clé : un amateurisme assumé
J’ai fait le choix de l’amateurisme.
Je ne suis ni une auteure reconnue, ni une professionnelle de l’édition.
Encore moins une community manager de talent (quoique… j’attends votre avis sur ce point).
Mais cela ne m’a pas empêchée de passer à l’action.
Au contraire. J’ai relevé le challenge.
Après 3 mois intensifs, mon univers se compose :
- D’un roman publié,
- D’un site internet,
- D’un compte LinkedIn débutant,
- De comptes TikTok et Insta qui éclosent doucement mais sûrement.
Je suis fière de mon travail.
Je suis fière des résultats.
Ce n’est que le début du parcours, j’ai encore beaucoup à apprendre.
Je suis tellement reconnaissante de ne pas être restée paralysée par la peur du ridicule et du jugement…
Et si ma plus grande compétence était celle-là :
Savoir sortir de ma zone de confort, accepter de prendre des risques.
Assumer d’être amateur.
J’ai hâte que le jour arrive où l’on valorisera l’audace, l’élan créateur, d’où qu’il vienne.
Ce jour où « C’est un beau travail d’amateur » sera le plus beau des compliments.