Une promotion ? Non merci.

Une promotion : ça ne se refuse pas !
D’ailleurs ce refus paraitrait incompréhensible voire suspect.
Et pourtant… ça mérite réflexion.

Kevin Pignon, un « bon élément ».

Imaginons un salarié lambda. Appelons-le Kevin Pignon.

Kevin a été recruté pour ses compétences techniques et son savoir-être.
Kevin aime son travail. Il devient rapidement un excellent élément : deadlines respectées, objectifs atteints, expertise reconnue par ses pairs.

Dans la logique RH classique, Kevin sera promu à un nouveau poste. Nouvelles responsabilités, meilleure rémunération. On parle d’évolution naturelle, de mobilité ascendante.

A n’en pas douter, si Kevin donne satisfaction, une nouvelle promotion s’offrira à lui. Et une autre…
Mais chaque promotion éloigne Kevin de ce qu’il sait faire, de ce qu’il aime faire.
Jusqu’au jour où…

Kevin atteint le seuil de compétence.

Le principe de Peter et le syndrome de l’imposteur.

C’est une théorie bien connue :

Tout salarié est promu jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence.

Être bon à un poste ne garantit en rien qu’on le sera dans le poste suivant.
Surtout si les attentes changent du tout au tout : coordination à grande échelle, management d’équipe, stratégie, jeux de pouvoir interne.

Rien à voir avec l’expertise initiale de Kevin.

Résultat : Kevin est coincé dans un poste qu’il ne maitrise pas. Un poste valorisé socialement, mieux payé… mais où il se sent incompétent.

Il doute. Il compense : temps de travail à rallonge, stress permanent pour atteindre les objectifs, management toxique avec ses équipes…

Kevin pourrait démissionner. Mais il n’ose pas.
Difficile de renoncer à un statut.
Encore plus difficile de renoncer à un salaire.
Accepter un poste à moindre responsabilité serait perçu comme un échec.

Alors Kevin reste. Mais il souffre.

Tout comme 42 % des travailleurs, actuellement en état de détresse psychologique, selon le Baromètre 2024 d’Empreinte Humaine et OpinionWay.

Et si on changeait les règles du jeu ?

Notre société valorise l’ambition professionnelle.
Le manque d’ambition parait suspect dans un environnement professionnel qui se nourrit de compétition et de performance.

Sous l’influence des nouvelles générations, la notion d’ambition personnelle émerge.

Être ambitieux sur le plan personnel, c’est vouloir préserver du temps : pour soi, pour sa famille ou ses amis.
C’est vouloir enrichir sa vie de voyages, de rencontres, de loisirs.
L’ambition personnelle, c’est savoir que le bien être repose sur un équilibre vie pro / vie perso.

Réussir sans sacrifier son épanouissement personnel.

Dans cette logique, recevoir une promotion peut devenir la pire des condamnations.

Redéfinir l’offre de promotion

Un salarié peut être performant à son poste mais ne pas vouloir évoluer dans la hiérarchie.
Pas par manque d’ambition.
Mais au contraire, pour satisfaire une ambition à la fois professionnelle ET personnelle.

D’autres formes de reconnaissance sont possibles :

  • Une revalorisation salariale sans ajout de responsabilités.
  • Une amélioration des conditions de travail : outils et ressources optimisés, espace de travail adapté.
  • Un accès à des formations choisies, même sans lien avec le poste occupé.
  • Une reconnaissance visible : plus de feedback positif sur le travail accompli, storytelling d’équipe.
  • Une réduction du temps de travail, avec maintien du salaire.

Ce dernier point pourrait même devenir le Saint Graal de la promotion.
La motivation suprême à performer à son poste. Un booster de productivité.

Une stratégie gagnante/gagnante

Proposer un mode de promotion alternatif est doublement positif.  

L’entreprise garde ses talents là où ils performent vraiment. Elle limite les coûts économiques liés aux risques de burnout ou de démission silencieuse. Elle pérennise sa productivité et renforce son attractivité pour de futurs recrutements.

Le salarié, lui, gagne en équilibre et en motivation. Il reste. Pas par loyauté aveugle ou par défaut, mais parce qu’il se sent reconnu et respecté.

La nouvelle génération a tout compris

Les jeunes actifs le disent clairement : ils ne veulent pas « réussir » au prix de leur santé.
Ils veulent du sens. De l’équilibre. Du respect.

Et si on les écoutait ?

Une promotion, ça ne se refuse pas ?
Peut-être.

Mais ça se pense. Et surtout, ça se négocie.

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